Vous avez dit « expérience collaborateur » ?

Quand certaines structures innovent encore avec un énième programme de fidélité client, d’autres aident leurs collaborateurs à disrupter les codes et à se réinventer. Comment passer de l’entreprise silotée à la tribu créatrice ? Quel nouveau rôle pour l’environnement de travail ? Et à qui doit incomber la responsabilité d’opérer ces nouveaux lieux de vie ? Bienvenue dans le nouveau monde de l’Expérience Collaborateur. 

L’ENTREPRISE “COMMUNAUTÉ”, CE NOUVEL IMPÉRATIF STRATÉGIQUE

De nombreux grands groupes ont entamé leur mutation en passant d’une structure souvent excessivement silotée et productiviste à ce que l’on appelle « l’entreprise écosystème ». L’entreprise va agréger autour d’elle d’autres structures plus légères telles que les startups et TPE/PME, qui lui sont proches tant dans leur activité que dans les interconnexions avec leurs équipes.

Ce rapprochement se fait de plus en plus par une intégration, au sein même du siège social, d’espaces de coworking semi-privatifs aussi appelés corpo-working. 

Rassembler dans un même lieu des équipes qui travaillent ensemble n’est pas nouveau. C’est cependant devenu un impératif stratégique qui nécessite d’organiser différemment les espaces de travail. Est-ce suffisant pour embarquer toute une entreprise dans un nouveau projet de transformation et de croissance ? Non.

La prochaine vague de transformation arrive déjà. Elle nous amène vers « l’entreprise communauté », volontairement enthousiasmante, bienveillante et surtout, porteuse de sens pour ses collaborateurs.

DE L’ENTREPRISE SILOTÉE À LA TRIBU CRÉATRICE : PAR OÙ COMMENCER ?

Comment faire ? Là-aussi, l’espace de travail joue un rôle essentiel, celui d’apporter des services et une qualité de vie aux collaborateurs. Le rez-de-chaussée est souvent sous-estimé, pourtant, c’est là que tout commence : qualité de l’accueil, convivialité des espaces de café-coworking mixant collaborateurs et visiteurs, espace de restauration « communautaire » alliant travail, restauration, animations, aménagements collaboratifs, digitalisation des usages et surtout relations humaines. Bref, il n’est plus qu’une simple zone de passage mais un véritable lieu de vie.

L’étape suivante s’amorce déjà : il s’agit de réduire la charge mentale des collaborateurs en les libérant de certaines contraintes personnelles. C’est dans cette optique que sont mis en oeuvre des services physiques et/ou digitaux : réception et envoi des colis privés, application de networking et d’animation entre collaborateurs, organisation de la mobilité (co-voiturage), tout doit être fait pour gagner du temps !

Quelle que soit sa taille ou son secteur d’activité, la priorité de l’entreprise est aujourd’hui de nourrir son « expérience collaborateur » qui la distingue de ses concurrents, qui attire et fédère les meilleurs talents. L’adaptation de l’espace de travail devient urgente.

QUEL ACTEUR POUR OPÉRER CES NOUVEAUX LIEUX DE VIE ?

Pour porter « l’expérience collaborateur », il faut un sens de l’hospitalité et du service, sincère, transparent et professionnel… à tous les échelons de l’entreprise. Dans cet esprit, le siège social doit laisser place à la créativité et insuffler de l’énergie à l’ensemble des équipes.

Pour opérer ce siège social d’un nouveau genre, un nouveau métier émerge : celui d’opérateur. Son savoir-faire : concilier les codes de l’hôtellerie, de la restauration, du commerce tout en intégrant les connaissances plus techniques de la conception et de la maintenance bâtimentaire. Non, il n’incarne pas la réinvention du Facility Management ni l’évolution de la Restauration Collective. C’est un acteur à l’ADN différent, celui d’une entreprise qui a pour mission de servir le bien-être des collaborateurs. L’opérateur propose une « expérience collaborateur » toujours renouvelée et en garantit la parfaite réalisation au quotidien. Son unique objectif est de servir les collaborateurs en amenant le “future of work” chez son client tout en lui offrant l’accès à une compréhension profonde de la mutation de la consommation immobilière. Une nouvelle révolution dans le monde de l’immobilier tertiaire… Et ce n’est que le début !

Philippe Morel, co-fondateur – Président de Dynamic Workplace.

Les acteurs de l’immobilier sauront-ils intégrer dans leurs offres cette nouvelle conscience collective ?

Sans rentrer dans le débat entre « qualité de vie » et « bonheur au travail », il est indéniable que le besoin de (re)travailler ensemble pour retisser du lien collectif et nous épanouir individuellement, n’a jamais été aussi fort et constitue aussi l’élément clé pour transformer l’entreprise d’aujourd’hui vers son modèle de demain, en créant ainsi une nouvelle croissance.

Sommes-nous conscients que nous vivons une période incroyablement innovante, qui nous amène à quitter « l’ère de l’intelligence », considérée essentiellement comme analytique et individuelle, pour entrer progressivement mais rapidement dans une « l’ère de la conscience », plus intuitive, plus créatrice et plus collective ?

Depuis 10 ans, les signaux faibles sont devenus forts. Tout nous invite à repenser notre façon d’être, de consommer, de vivre… et donc de travailler. Encore faut-il que nos espaces de travail s’adaptent !

L’enjeu pour les acteurs de l’immobilier est avant tout de comprendre ces évolutions puis de réussir à les intégrer dans un cadre technique et réglementaire extrêmement normé. Pour cela, ils doivent accepter que ce cadre, jusque-là très protecteur, représente aujourd’hui un frein à leur lecture des attentes nouvelles de leurs clients, ainsi qu’à la mise en œuvre de modèles disruptifs.

Innover en conservant ses bases, notamment au travers de la « PropTech », c’est rester connecté massivement aux aspects techniques de l’immobilier. Même si la dimension humaine prend une place grandissante dans ces innovations, l’immobilier est encore loin d’intégrer, dès la conception des bâtiments, les usages actuels et surtout futurs de ses clients, les entreprises utilisatrices et leurs collaborateurs.

Mais quels sont ces futurs usages ? Ce sont massivement les « soft skills » que les entreprises cherchent à développer et valoriser au sein de leurs organisations. A titre d’exemple, la jeune société Cocoworker aide de plus en plus de grandes entreprises à développer leur culture collaborative, en maximisant les mécaniques d’interaction et de reconnaissance au sein des équipes.

Comme le souligne Faustine Duriez, CEO de Cocoworker, les systèmes de reconnaissance verticaux se focalisent sur les résultats individuels, et poussent les collaborateurs à adopter des comportements individualistes, à ne penser qu’à être vus par le haut de la pyramide. Difficile alors pour l’entreprise de relever les nouveaux challenges qui l’attendent, avec des collaborateurs qui finissent désengagés par ce système en opposition avec les besoins de transversalité, d’esprit d’équipe et « d’empowerment ».

Est-ce le rôle d’un bâtiment tertiaire d’aider son entreprise cliente dans sa mutation vers plus de transversalité ? Sans aucun doute. A minima, le bâtiment comme l’ensemble des services qui seront proposés ensuite aux collaborateurs – utilisateurs devraient être conçus avec ces derniers.

Même si beaucoup d’efforts ont été entrepris, le chemin est encore long entre un bâtiment tertiaire « utilitaire » et un « lieu d’émulation, de créativité et de réussite collective ».

Attention à ne pas prendre trop de retard… car de nouveaux acteurs, non immobiliers, plus « customers friendly », sont déjà sur les rangs !

Philippe Morel, co-fondateur et président de Dynamic Workplace.