Dépasser l’injonction du bonheur au travail pour focaliser l’action sur l’espace de travail et les services associés : l’hospitalité a vocation à devenir une tendance de fond dans nos entreprises pour les années à venir.
— LE CHIEF HAPPINESS OFFICER, DE QUOI PARLE-T-ON VRAIMENT ?
Ces trois dernières années, dans les startups comme dans les grands groupes, les collaborateurs ont constaté l’arrivée d’un nouvel ami qui leur veut du bien : le Chief Happiness Officer (CHO). Cette nouvelle fonction gagne du terrain en France et, pour près de 80% des cadres, elle aurait un réel impact sur la productivité.
Les plus sceptiques qualifient cette fonction de « bullshit job », quand d’autres peinent à comprendre sa plus-value dans l’écosystème de l’entreprise. En cause notamment, des fiches de postes majoritairement plus proches de l’office manager ou de l’assistant de direction.
Pourtant, même si les contours de ce job en vogue varient d’une entreprise à une autre, il peut avoir un réel impact sur la performance des entreprises, sur la lisibilité de leur marque employeur et sur l’expérience de leurs collaborateurs, dans un contexte où le stress au travail et la fuite des talents sont des enjeux stratégiques.
— HÔTE ET NON OTAGE DE SON LIEU DE TRAVAIL !
Mais cette étiquette de « chef du bonheur au travail » participe à un malentendu actuel, de forme et de fond, consistant à penser que l’entreprise doit procurer du bonheur à ses collaborateurs… et que des salariés heureux seront d’autant plus productifs, car disponibles et formatés.
L’entreprise devrait dépasser cette posture et fonder plutôt son action sur la qualité de vie au travail, par le biais notamment d’une adaptation de l’espace de travail et surtout des services associés. Et si nous changions de registre, en empruntant au vocable et aux concepts du secteur hôtelier ?
— DU CHIEF HAPPINESS OFFICER À L’HOSPITALITY MANAGER
Le bâtiment, plus qu’un lieu de travail, a vocation à apporter aux collaborateurs des services et une qualité d’usage afin de devenir un environnement énergisant et propice à l’engagement. Un enjeu dont doivent impérativement s’emparer les managers et les dirigeants d’entreprises.
Dans ce contexte, une nouvelle fonction émerge, celle de l’Hospitality Manager. Doté d’un sens aigu du service et de l’accueil, il est le bras armé de l’environnement de travail, qui veille au confort des occupants, valorise et diffuse la culture de l’entreprise et est le garant d’une qualité de vie et d’usage optimale. Il aide le lieu de travail à devenir un véritable lieu de vie serviciel, d’une part dans ses aménagements (intégration d’espaces de corpoworking, de café-coworking, de convivialité, d’échanges à deux ou à trois, …) mais aussi dans sa vocation à réduire la charge mentale des collaborateurs en les libérant de certaines contraintes personnelles. C’est notamment dans cette dernière optique que sont mis en œuvre des services physiques et/ou digitaux : réception et envoi des colis privés, application de networking et d’animation entre collaborateurs, intégration de commerces (pop-up stores), services de gestion de la mobilité, …
Il convient aux entreprises de ne pas commettre l’erreur de cantonner l’Hospitality Manager à des responsabilités purement opérationnelles : il ou elle est le « liant » des différentes fonctions de l’entreprise dans la stratégique optique de remettre l’humain au centre des préoccupations via des pratiques innovantes et transverses.
Des transformations s’amorcent progressivement, et l’Hospitality Manager, en véritable « Business Partner », pourrait bien devenir dans les années à venir la figure symbolique d’une typologie d’entreprises adaptées au monde dans lequel elles s’implantent, agiles, porteuses de sens et de valeurs.
Par Mathieu Gémon, co-fondateur – Directeur Général de Dynamic Workplace